Donneurs d’ouvrages publiques

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Donneurs d’ouvrages

Il n’est pas nouveau que les projets connaissent des retards. Cependant, je reste toujours surpris de voir que les donneurs d’ouvrages publics ne semblent pas être à même d’anticiper ces retards. Ici je ne parle pas des efforts des travailleurs sur le chantier qui ont eu des conditions de travail selon les saisons et la complexité de la construction d’un pont de cette envergure, que je félicite.

Mise en contexte

Généralement chaque mois un rapport d’avancement est transmis au client du projet, le donneur d’ouvrage ; dans ce cas notre gouvernement. Ce rapport informe sur le progrès, les changements, et explique les différences entre les prévisions et le réalisé durant la période en plus de confirmer la date de livraison réaliste. Dans les projets de grande envergure, le rapport contient l’échéancier. L’échéancier permet au client de voir avec un bon niveau de détail l’enchainement des activités réalisées et à venir.

Il est important pour un client d’avoir une équipe capable de bien analyser les rapports d’avancement. Cette équipe doit être en mesure de nommer les changements identifiés ou pas par l’exécutant, le constructeur et d’en comprendre les impacts.

Après l’analyse et lorsque le projet semble avoir des problèmes à respecter la date contractuelle de livraison, le client demandera la présentation d’un plan de redressement qui respecte la date de livraison contractuelle.

Lorsque le client aura accepté le plan de redressement proposé par l’exécutant, les rapports d’avancement mensuels devraient y référer. Il est possible que le plan de redressement intègre des éléments nouveaux.

Le suivi du projet par le client inclut des visites sur le terrain et peut impliquer des experts externes.

Le nouveau pont Champlain

Un exemple d’une telle dynamique est la construction du nouveau pont Champlain. Bien que je n’aie aucune implication ou accès à des informations autres que ce qui circule dans les médias, je vous présente l’analyse que j’ai faite à partir des informations rendues publiques.

Le projet initial spécifie une livraison en décembre 2018. Un plan de redressement aurait été mis en place à l’été 2018. Ce plan maintenait la livraison en décembre 2018. Il aurait été accepté par le client, le gouvernement canadien, et inclurait des ajustements financiers pour la partie exécutant les travaux.

Il est à noter que pour la région de Montréal, le MTQ (Ministère des Transports du Québec) ne souhaite pas d’asphaltage après le 9 novembre. Les conditions environnementales ne permettent pas une bonne mise en place et une durabilité optimale.

Depuis le plan de redressement, un suivi très proactif devrait avoir été fait par le client ou ses représentants. À la lumière des annonces du 25 octobre, le projet aura maintenant une livraison en 2019, au printemps ou au plus tard juin 2019, six (6) mois de délai. Les travaux effectués depuis l’acceptation du plan de redressement de l’été 2018 n’ont pas permis de maintenir la date de décembre 2018.

Les informations disponibles indiquent que le problème semble lié à l’imperméabilisation de la structure qui nécessite de trois (3) à cinq (5) jours par 500 mètres, à une température adéquate. Le pont compte quatorze (14) sections de 500 mètres, donc près de trois (3) mois pour la réalisation si elle est exécutée de façons linéaires.

Considérant la limite suggérée du 9 novembre, la première des quatorze (14) sections aurait dû être réalisée en août. Selon les déclarations du directeur (constructeur), une seule section a été réalisée à l’automne en trois (3) jours, il resterait la couche de finition. Un travail sur plus d’une section est sans doute possible s’il y a suffisamment de ressources matérielles et de travailleurs disponibles.

Les experts du client auraient dû constater ce problème dès le mois de septembre, et ce, même sans un rapport d’avancement. Rappelons qu’il (client) peut visiter le chantier.

Réaliser un projet d’envergure qui respecte l’échéancier contractuel est une chose possible si l’on met en place les conditions nécessaires. Des exemples existent. Ainsi l’autoroute de Santa Monica a été reconstruite suite au tremblement de terre du 17 janvier 1994 avec soixante-quatorze (74) jours d’avance. Le constructeur a bénéficié d’un bonus 14,5 millions ayant livré le 12 avril 1994, plutôt que le 24 juin. Bien entendu, je ne cherche pas à comparer les deux projets, mais plutôt souligner que certaines conditions contractuelles encouragent le respect de la date de livraison.

Conclusion

Est-ce que c’était prévisible à l’été 2018 ? Est-ce qu’une analyse de l’échéancier proposé au client aurait dû révéler que les conditions adéquates de température ne pouvaient pas être au rendez-vous pour la livraison en décembre 2018 ?

Ultimement si les pénalités ne sont pas pleinement appliquées, c’est nous, les contribuables, qui absorberons les coûts ainsi que les inconvénients du délai supplémentaire.

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